Analyse : Baltimore Ravens-Houston Texans (Supychou)

Baltimore Ravens 13 – 43 Houston Texans

Le choc des titans n’est jamais arrivé

Encore un match revanche des derniers Playoffs en AFC, et une nouvelle revanche de prise. Ce match entre les deux seules équipes avec un bilan positif en AFC (et quel bilan, 5-1 !) était annoncé comme le choc de cette week entre deux présumées excellentes équipes. L’une sortant d’une défaite humiliante face aux Packers, l’autre ayant perdu plusieurs immenses titulaires pour la saison, le monde de la NFL attendait impatiemment de voir laquelle allait se relever la première.

La réponse fut sans équivoque.

Du côté de Houston, tout a été très vite et très facilement, dès l’instant où ils furent menés 3-0. Dès lors, la machine s’est mise en route pour ne plus s’arrêter de la journée.

Le QB Matt Schaub a passé un après-midi très tranquille, développant son jeu comme il l’aime, à base de passes courtes et play-action. Bien aidé par une très bonne Oline mise en difficulté que rarement, Schaub ne vit la pression arriver que très rarement (les rares fois venant d’un monstre), trop rarement même pour l’empêcher de réussir un match plein, où il a mené son attaque de bout en bout. S’amusant face aux CBs adverses, il chercha de nombreuses fois ses deux WR, ne ratant que 3 passes sur 16 à leur destination… Il permit rapidement à son équipe de prendre le large après un TD de 34y à destination de Kevin Walter.

Au final, un match comme on l’attend de Schaub, pas forcément extraordinaire (62% de complétion pour 256y) mais suffisamment propre et précis aux bons moments pour faire avancer son équipe, sur le terrain et au niveau des points (2 TDs, 0 INT).

Les Texans l’avaient bien compris lors de la blessure de l’immense Lardarius Webb, ils allaient avoir une grosse opportunité via les airs. Et ils ont su en profiter comme il fallait, réussissant 11 passes sur 13 lorsque celles-ci étaient en direction des deux CBs adverses.

Les Texans ont retrouvé leur star Andre Johnson, étant le plus visé (10), attrapant le plus de balles (9) et finissant meilleur receveur en terme de yards (86y). Avec sa puissance physique et ses mains sûres, il prit souvent le dessus sur son vis-à-vis, permettant de nombreux first down à son équipe.

L’autre cible préférée de Schaub se nomme Owen Daniels. Dans tous les bons coups, lui aussi gagna plusieurs first down primordiaux et permit de prendre un avantage conséquent dans ce match, en réceptionnant un TD difficile d’1 petit yard, mais ô combien important peu avant la mi-temps.

L’autre force de Houston est connue sous le nom d’Arian Foster. Excellemment arrêté la semaine passée, les Texans attendaient bien mieux d’un des meilleurs RB de la NFL (si ce n’est le meilleur à l’heure actuelle). Et sans être génial, il a réussi un très bon match, notamment grâce à ses courses extérieures. Il se permit même de nous faire une petite course pleine de talent horizontalement, passant en revue la défense de Baltimore afin d’aller chercher un sublime first down.

Tout est plus simple pour une attaque lorsque son RB prend une grosse partie de l’attention adverse.

Niveau défense, les Texans étaient également attendus au détour.

Les DBs, horribles la semaine passée, avaient à coeur de montrer que c’était qu’une erreur de parcours face au meilleur QB de la NFL. On attendait notamment une bien meilleure performance de la part du S Glover Quinn Jr et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a répondu présent. Sur les 7 fois visé, il ne laissa que 3 complétions pour 19 petits yards. Et même mieux, il fit 6 plaquages (meilleur de son équipe) et détourna 3 passes (meilleur aussi) dont 1 qui finira en interception de sa part. Un match plein, à l’opposé de sa dernière sortie.

On se demandait comment les Ravens allait faire pour limiter l’impact de JJ Watt. La réponse est simple : cela semble impossible. Car même si pour la première fois la saison, il ne réussit pas un seul sack, il ne resta pas moins extrêmement dangereux, que ce soit au niveau de la pression sur le QB ou contre la course. Le souci pour les adversaires, c’est que si Watt n’arrive pas à sacker, cela signifie qu’il se trouve un peu plus loin du QB adverse et ça, ce n’est vraiment pas mieux quand on voit la facilité qu’il a à détourner les passes. 2 nouvelles passes défendues dont la première annihila quasiment déjà les espoirs de Baltimore lorsque celle-ci fut retournée par Johnathan Joseph pour 54y. Watt est tout simplement surhumain (et il y en avait un dans chaque équipe lors de ce match).

Du coup, Watt étant bien pris par la Oline adverse, un autre joueur a décidé de se mettre sous la lumière. Connor Barwin fut partout dans ce match. Rien que voir ses stats est déjà impressionnant : 4 plaquages, 3 pour perte dont 1 sack permettant un safety et 1 passe défendue. Rajouter à cela une pression constante sur le Qb adverse et vous avez un joueur excellent, grand artisan de la bonne défense des Texans. Un match à la JJ Watt en fait.

Du côté des vaincus, le constat est moins glorieux. Bien moins glorieux.

Aussi bon et régulier qu’il peut être à domicile, Joe Flacco a toujours autant de mal dès qu’il s’agit de faire un bon match à l’extérieur. Celui-ci restera sûrement comme un des pires matchs de sa carrière (voire le pire). Ne réussissant que 49% de complétion et 147 yards (en lançant pourtant 43 balles), Flacco représenta à lui seul le naufrage dont les Ravens ont été victimes.

Incapable de trouver ses receveurs, incapable de faire les bons choix aux bons moments, Flacco réalisa une performance à des années lumière de ce qu’il annonce être (à savoir un Elite QB). Après, on peut toujours dire que la Oline a été horrible. Oui, c’est un fait. Parvenant à bloquer Watt mais aucun autre joueur du front seven adverse, celle-ci laissa Flacco lancer de nombreuses fois sous pression, laissant même 4 sacks à Houston (et 8 QB hits). Le souci de Flacco sur ce match, c’est que même lorsqu’il avait le temps et aucun pression, ses lancers étaient mauvais. Soit trop bas, soit trop loin mais rarement dans les mains de ses receveurs. Cela offrit 2 interceptions faciles à Houston. De plus, son obstination à vouloir lancer sur Torrey Smith, quand celui-ci est très bien pris par Joseph pendant tout le temps, coûta cher aux Ravens.

S’il y a un joueur qui doit élever son niveau au vue des blessures chez les Ravens, c’est bien Flacco.

A partir de là, comment briller dans une attaque qui bafoue son jeu.

Les receveurs n’ont pas réussi à se démarquer suffisamment du marquage adverse. Torrey Smith fut le joueur le plus visé du match (13) mais n’attrapa que 4 balles pour 41 yards (meilleur stat de l’équipe). Ne réussissant ni à prendre la profondeur ni à réaliser de big play, il fut l’ombre de ce qu’il peut apporter en temps normal. L’autre point faible lors de ce match (et malheureusement bien trop souvent en général) a été le TE n°1 bis, Ed Dickson. Il enchaina drops sur drops, ne permettant pas à son attaque de gagner des first down « faciles ».

Le souci, comme tout le monde commence à le savoir, c’est que lorsque Ray Rice ne court pas, l’équipe n’avance pas. Et c’est assez problématique. Les Ravens ne savant pas jouer dès qu’ils sont menés de plusieurs points, ils arrêtent alors immédiatement de laisser courir Rice afin de réussir de gros gains à la passe. Seulement, ceci ne marche que trop rarement. Et pourtant, il n’y avait aucune raison de laisser Rice avec 9 petites portées puisque celui-ci parvenait plutôt facilement à avancer, cumulant 42 yards (soit quasiment 5 yards par portées, les stats de Foster en somme).

Et comme on le dit trop souvent, quand Rice court, l’attaque va. Malheureusement pour Baltimore, la réciproque est définitivement valable.

La défense, plutôt mauvaise depuis le début de saison, était également un point d’interrogation après la perte de la légende Ray Lewis et de l’immense Lardarius Webb.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que si une de ces absences s’est faite sentir, c’est définitivement celle de Webb. C’est ainsi qu’on se rend compte de l’impact que peut avoir ce joueur.

Son remplaçant Jimmy Smith a éprouvé toutes les peines du monde à contenir son vis-à-vis dès que celui-ci lui faisait un double mouvement (ce qui a provoqué 2 big play des Texans, dont un heureusement raté puisqu’il aurait donné un autre TD). Le problème, c’est que si Smith est encore jeune et peut continuer à s’améliorer (il ferait un second CB très intéressant), ce n’est pas le cas de Cary Williams. Le pire joueur de la défense Ravens depuis le début de saison a continué dans cette voie. Comme on l’avait déjà dit, on n’attend pas d’un CB qu’il ait de grosses stats au niveau des plaquages. Eh bien Williams en a décidément autrement et finit le match avec 8 plaquages, 8 passes non défendues en sa direction et au moins 1 TD à cause de lui. Définitivement le pire CB 1 de la NFL. L’autre souci de la défense des Ravens est la front seven contre la course où la perte de Redding et Johnson se fait cruellement ressentir.

Mais, malgré le score fleuve, il y eut 2 bonnes surprises du côté des Ravens. La première est le remplacement de Ray Lewis par Dannell Ellerbe. Auteur d’un bon match, lisant bien les jeux adverses et réussissant ce qu’il tentait, il finit meilleur plaqueur du match (12) et se permet même de détourner une passe.

L’autre énorme satisfaction/surprise/événement est le retour de Terrell Suggs. Alors que tout le monde pensait le revoir à partir de la mi ou fin novembre, lui en a décidé autrement, seulement 5 mois après son opération des tendons d’Achille. Et le moins que l’on puisse, c’est que sa présence s’est faite sentir. Il dynamisa le pass rush des Ravens, étant le seul à réellement apporter une pression sur le QB adverse. Stoppant également les courses lorsque celles-ci passaient à côté de lui, il réussit un match plein pour son retour, alignant 4 plaquages dont son premier sack de la saison et 1 passe détournée. Un monstre physiquement.

Cependant, si les Ravens veulent continuer de marcher sur l’AFC North et obtenir une des deux premières places en vue des PO, il faut espérer que la ByeWeek à venir sera bénéfique, aussi bien défensivement qu’offensivement.

Les petites stats en plus :
– Le rookie K Justin Tucker établit 2 nouveaux records : plus grand nombre de FGs à 50y et plus en une saison pour les Ravens (déjà 4)/premier rookie de la NFL à avoir 2 FGs de plus de 50y dans 2 matchs différents (@Eagles et @Texans).
– Joe Flacco obtient le pire QB rating de la NFL sur les 5 dernières saisons (QBR de 0,3).
– JJ Watt en est maintenant à 10 passes défendues, le plus pour un Defensive Lineman depuis 2008 (et second de la NFL cette saison juste derrière Sherman et ses 11 passes défendues).

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