Analyse : Indianapolis Colts – Baltimore Ravens (Supychou)
Première saison pour Luck, et première qualification en Playoff. Un match qui apparaissait intéressant vu la forme des deux équipes ces dernières semaines. Entre une qui a aligné les victoires pour se retrouver ici, et une autre qui a enchaîné les contre-performances, le duel pouvait faire des étincelles. Mais au final, peu de suspens lors de cette rencontre.
Les Baltimore Ravens arrivaient à ce match extrêmement motivés suite à l’annonce de retraite en fin de saison de la légende Lewis. Et pour son dernier match à domicile, on peut dire que ses coéquipiers lui ont fait honneur.
A commencer par Joe Flacco, toujours peu précis (un peu plus de 50% de complétion) mais décisif aux moments importants. Bien protégé par une Oline remaniée (premier start de la saison pour Bryant McKinnie en LT qui excella tout au long du match, Osemele en LG, Oher en RT), il n’a que très peu subi de pression lors de ce match. Et lorsqu’il n’a pas de pression, Flacco peut placer son jeu tranquillement. Malgré un jeu toujours assez prévisible (passe courte extérieure, deep, deep, passe courte extérieure), il permit à son équipe d’avancer et de gagner ce match. Ces 2 TDs en seconde mi-temps, et notamment le premier pour Dennis Pitta, donnèrent un avantage conséquent aux Ravens.
Il faut dire que l’un de ses receveurs était en feu. Anquan Boldin fut omniprésent lors de ce match et n’eut aucune difficulté à battre tous les CBs qui étaient sur lui (même quand ils étaient 2 sur ce catch de 50y). On savait que Boldin avait des mains très sûres, droppant rarement (meilleur joueur de son équipe et un des meilleurs de la NFL en ratio catch/drop) mais pas seulement. Lors de ce match, il prit souvent le dessus sur son vis-à-vis en vitesse, se retrouvant bien souvent seul, ou suffisamment démarqué pour permettre à son QB de lui lancer la balle. Ses stats parlent pour lui-même : leader de son équipe en balles visées (7), reçues (5) et en yards (145). De loin. Apportant à lui seul plus de la moitié des yards gagnés dans les airs, les autres receveurs n’eurent qu’un maigre apport.
L’autre compartiment où Baltimore a excellé fut le jeu de course. Emmené une fois encore par un Ray Rice précieux (70y à la course, 47 à la passe) mais qui inhabituellement perdit 2 fumble, les Ravens annoncèrent rapidement la couleur. Et comme c’est souvent le cas depuis quelques semaines, c’est son backup Bernard Pierce qui fit le plus gros match, cumulant 103y avec une moyenne colossale de 7,9y par portée. Prenant parfaitement les espaces ouvert par son FB (Vonta Leach marquant lui un TD de 2y), cassant de nombreux plaquages sur ses courses extérieures (dont une de 43y), il annihila tous les espoirs des Colts. Un choix de draft qui s’annonce de plus en plus comme la bonne pioche du côté de Baltimore.
Cependant, du côté de Baltimore, on craignait que la défense continue sur sa lancée, c’est-à-dire en ne parvenant pas à contre l’attaque adverse. Au contraire.
Grâce notamment à un front seven très dominant, notamment sur le pass rush, Baltimore usa petit à petit cette attaque adverse. Soutenu par un Ray Lewis ultra-motivé et malgré tout important lors de ce match (leader avec 13 plaquages dont 1 pour perte et une passe défendue), les Ravens ont pris le dessus sur la Oline adverse. Et que dire de Paul Kruger, qui s’affirme de plus en plus comme LA menace en passrusher de cette équipe (en attendant le retour à 100% de Suggs). C’est simple, quelque soit son adverse, il prit le dessus. Aussi rapide que puissant, Kruger mit une pression constante sur le QB, en témoignent ses 2,5 sack, 5 hit et 5 pressions de plus. Il se permit même de défendre une passe, de peu interceptée. Un monstre physique qui, s’il continue sur cette lancée, risque de demander un contrat bien juteux à l’inter-saison.
Du côté de la secondary, il y eut plus de difficultés à prendre la mesure des multiples receveurs adverses, mais une fois de plus, c’est bien le CB4 (devenu 2 avec les blessures) qui sort encore un gros match : Corey Graham. Rarement pris à défaut (plus de la moitié des passes en sa direction incomplètes), il fit un gros match pour permettre à la défense de prendre le dessus. Ses 2 passes défendues (dont une permettant la seule interception du match) ainsi que son gros travail contre la course (7 plaquages) font de lui un joueur complet et ô combien important dans cette équipe (coupable également d’un sack partagé). Une possibilité vraiment intéressante lorsque Webb reviendra, et qui risque d’avoir du boulot la semaine prochaine contre les Broncos.
Tous les espoirs des Colts reposaient sur leur jeune QB, dont la lourde tâche en tant que successeur de Peyton Manning aurait pu le troubler. Ce ne fut pas le cas, malgré un match en demi-teinte.
Andrew Luck apparaît de plus en plus comme un futur excellent QB. Malheureusement, il est difficile de faire un très bon match lorsque son Oline fait défaut. Et s’il existe un mot pour définir cette Oline, c’est bien le mot « gruyère ». Laissant passer la pression comme de l’eau dans une passoire, Luck dut bien trop souvent courir pour sauver sa vie. Impressionnant pourtant dans sa poche lorsqu’on lui donne le temps, il eut beaucoup de mal à y rester lors de ce match. La solution la plus simple fut alors d’enchaîner les passes courtes à destinations de son meilleur receveur. Un grand nombre de passes tentées pour trop peu de complétions, sa journée se finit par une interception sous forme de punition. Un compartiment du jeu à vraiment améliorer du côté des Colts s’ils veulent que leur protégé puisse faire des miracles.
Heureusement pour eux, les Colts ont dans leur manche, un WR extraordinaire en la personne de Reggie Wayne. Evidemment, on peut lui reprocher quelques drops, mais quand on est autant visé que cela (18 fois!), il est difficile de faire un match parfait en tout point. Pourtant, il fut extrêmement précieux sur toutes les passes courtes tentées, permettant bien souvent à son équipe de gagner des first down. Au final, ses 114 yards font de lui le leader incontesté de son équipe.
Une autre bonne surprise de la saison vient du jeu de course des Colts, peu glorieux ces dernières années. Mais le rookie Vick Ballard montre de belles choses et s’annonce prometteur (là aussi, une meilleure Oline lui fera le plus grand bien). Bien que prenant rarement à défaut la défense sur ce match (« seulement » 4,1y par portée), ce dernier gagna plusieurs first down aux bons moments, gardant en vie les drive (et les espoirs) de son équipe à plusieurs moments. L’ajout d’un bon FB pourrait faire de lui une réelle menace la saison prochaine. A suivre avec intérêt.
Le mauvais match général de l’attaque est à mettre en comparaison avec le mauvais match de la défense.
Seul un joueur sort son épine du jeu, et donne au fil du temps raison aux Colts d’avoir tradé pour lui. En effet, Vontae Davis fut important lors de ce match, empêchant parfaitement le WR1 adverse de faire de big play comme il en a l’habitude. C’est simple, sur ce match, Davis fut impassable : 6 passes lancées en sa direction, aucun catch, ajoutant même une passe défendue passée très près de l’interception. Une bonne base pour une secondary qui fait défaut à cette équipe. Parce qu’effectivement, entre d’autres CBs hors du coup (Vaughn, Butler) et un safety qui n’a décidément pas le niveau pour être titulaire (Zbikowski), la secondary éprouva de nombreuses difficultés, se reposant sur son ProBowler Antoine Bethea pour arrêter les joueurs adverses (leader de son équipe en plaquages avec 10). Mais ce qui fit réellement défaut aux Colts sur ce match fut le pass rush. Incapables de mettre une quelconque pression (Robert Mathis ayant fait le seul sack du match sur une play-action ratée), le QB adverse eut bien trop de temps pour se mettre dans les meilleures conditions de lancer. Et le possible dernier match de Dwight Freeney ne fut pas à la hauteur de son talent.Mis à part une seule petite pression sur le QB, il ne réussit pas à prendre le dessus sur le LT, bloqué parfaitement par son vis-à-vis. A tel point qu’il ne parvint pas à faire un seul plaquage, même sur les courses passant de son côté. Une vraie déception pour son équipe qui en espérait plus.
Les petites stats en plus :
– Dernier match de Ray Lewis, qui finit naturellement meilleur plaqueur de l’histoire des Ravens en post-saison, avec 112 plaquages (74 de plus que le 2ème).
– John Harbaugh et Joe Flacco deviennent les premiers Coach et QB à gagner 1 match de Playoff lors de chacune de leur 5 premières années.
– Les 145y d’Anquan Boldin sont un nouveau record pour la franchise en Playoff.